Voyager seule. Pour certaines femmes, c’est une habitude, tandis que pour d’autres, c’est une option non envisageable. Pour María Calvo, madrilène de 36 ans, c’est un choix à long terme lié à l’envie de liberté, de découverte et de connaissance du monde. Un voyage rempli de rencontres, et de surprises qui dure depuis 3 ans maintenant et qui l’a amenée à visiter 17 pays à son propre rythme, parcourant ainsi plus de 160000 km. Un long «pèlerinage» jonché de souvenirs et des moments intenses qui sont toujours sur le point de se terminer, mais qui se poursuivront pendant très longtemps dans la mémoire de Maria. Aujourd’hui, elle nous raconte son histoire.
Voici l’interview: (attention car cela pourrait vous donner envie de quitter votre chaise de bureau et de vous précipiter à la maison pour préparer votre sac à dos!)
Bonjour Maria, pourrais-tu nous dire brièvement qui tu es, où es-tu en ce moment et que fais-tu?
Bonjour! J’ai 36 ans, je suis économiste de formation et voyageuse par vocation. En ce moment, je vous écris de Myanmar (ex-Birmanie), où mon tour du monde m’a emmenée cette fois. Il y a quelques années, j’ai décidé d’essayer d’en apprendre davantage sur le monde toute seule, sans autre but que celui de profiter de chaque moment et de découvrir des cultures différentes; et c’est ce que je continue à faire.
Depuis combien de temps voyages-tu à travers le monde et quels sont les pays que tu as visités jusqu’à ce jour? Pourrais-tu nous en dire plus?
Je voyage depuis l’été 2010, 3 années qui peuvent sembler longues, mais qui en réalité, sont passées en un éclair. Sur la carte du monde de mon blog, l’on peut voir que j’ai déjà parcouru 165.000 km, quelque chose comme 4 fois la circonférence de la Terre. La vérité est que je me déplace assez lentement, parce que j’aime plonger dans l’essence de chaque endroit que je visite, et que jusqu’à aujourd’hui, j’ai eu le temps d’explorer «seulement» une petite partie de 17 pays: le Pérou, l’Équateur, la Colombie, le Panama , le Costa Rica, le Nicaragua, les Etats-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, le Vietnam, le Myanmar, l’Égypte et le Népal. Parlant des villes et des villages, je ne connais pas le chiffre exact, mais compte tenu du blog et la carte, il y en a plus ou moins 300 (en moyenne, une nouvelle destination tous les 3 jours).
Pourquoi as-tu décidé de partir?
J’ai toujours eu l’intention de voyager d’une manière différente, avec plus de temps et de calme. Malheureusement, la possibilité de prendre quelques semaines supplémentaires de vacances sans solde ou profiter du temps libre avant un changement de travail n’est jamais arrivé. Par conséquent, je me suis dit un jour qu’il fallait se lancer, sinon je ne serais jamais capable de réaliser ce rêve. J’ai donc rempli mon sac à dos et je suis partie. Au début, je pensais être absente pendant un an, mais quand est venu le temps de revenir, il y avait tellement de choses à faire et à voir, et j’étais tellement impliquée dans l’aventure (et les dépenses étaient bien moindres que ce que je pensais!) que j’ai décidé de poursuivre sur la voie…et je suis toujours en marche.
Qu’est-ce que tu aimes le moins dans le mode de vie occidental et, d’autre part, qu’est-ce qui te manque le plus?
Je pourrais citer plusieurs choses que je n’aime pas dans le style de vie occidental…Pour commencer, j’ai toujours pensé que passer 8 heures par jour enfermée dans un bureau devant un ordinateur est une grande perte de temps. La technologie a fait de grands progrès, mais il reste qu’elle exige de nous les mêmes heures de travail fixes que lorsque nous écrivions à la machine à écrire ou que nous faisions les calculs avec une feuille de papier et une calculatrice. Aussi, je n’aime pas la consommation excessive qui a pris possession de nos vies et qui nous amène à vouloir le dernier portable à la mode, les vêtements de telle ou telle marque et la voiture la plus rapide. Tout cela est d’autant plus absurde pour moi quand je visite des pays où les gens n’ont pratiquement rien, mais sourient à la vie et ne trouvent pas qu’il est difficile de partager le peu qu’ils ont.
Ce qui me manque le plus, en dehors de ma famille et de mes amis (qui font partie de mon monde occidental personnel), c’est le fait d’ouvrir le robinet et de boire de l’eau. Même les douches chaudes occupent une position importante au début de cette liste! En bref, les petites choses qui rendent la vie plus facile dans notre partie du monde.
Y-a-t’il une expérience, une personne, un lieu qui est resté dans ta mémoire depuis le début du voyage?
Il y a tellement de moments et des gens qui m’ont impressionné, je ne sais pas si il y a assez de place dans l’interview pour parler de tout … En général, ce qui m’a surpris le plus, c’était la générosité des gens. Dans tous les pays, j’ai toujours été très bien traitée et il y avait toujours quelqu’un prêt à m’aider d’une manière ou d’une autre. Il serait impossible de citer toutes les personnes qui ont offert de me conduire d’un endroit à un autre, qui m’ont invité à une conversation autour d’une tasse de thé ou à manger avec eux. En un mot, ce voyage a renforcé ma foi en la bonté de la race humaine.
Un des moments les plus intéressants de mon voyage était l’oasis de Bahariya en Égypte, où une famille m’a invité à dîner ; j’ai partagé de la nourriture avec les deux femmes du patriarche et leurs filles (les hommes et les femmes mangent séparément). Seulement une des filles parlait un peu d’anglais, mais cela ne m’a pas empêchée de profiter du festin avec eux. Nous avons mangé par terre, puisant dans les plats communs. Et chaque fois que j’avais fini ce que j’avais dans mon plat, elles me reservaient en rigolant devant mes protestations. Les jeunes filles ont été fascinées par les cheveux court, l’absence d’un mari et le fait que la voyageuse soit seule. Pour remédier à ce «désagrément», on m’a donné des boucles d’oreilles. Et, après un dîner copieux, tout le monde a dansé la danse du ventre. Mais la plus grosse surprise de la soirée est venue lorsque les filles ont revêtu leur burqa juste avant de sortir. Bien sûr, j’avais vu des femmes vêtues de noir de haut en bas, mais la transformation de ces personnes avec qui je venais de manger, rire et danser m’a particulièrement impressionnée!
Tous les lieux que j’ai visité m’ont semblé spéciaux, mais si je devais en choisir quelques-uns, ce serait les panoramas vus depuis le sommet de l’Everest Kala Patthar, à 5.550 mètres d’altitude, au Népal ; les ruines de Choquequirao au Pérou, qui peuvent être atteints après une marche de 2 jours (plus un autre pour le retour) et qui n’ont rien à envier à Machu Picchu ; le Cercle Arctique, dans la toundra, où il ne pousse pas absolument rien ; l’archipel de San Blas au Panama, une sorte de paradis des Caraïbes, les temples d’Abou Simbel en Egypte, visités complètement toute seule … en fait la liste est assez longue!
Une autre chose dont je me souviendrai toujours, se sont les rencontres avec les animaux sauvages : des baleines sautant près de notre bateau en Equateur; repérer un lion de montagne dans la forêt au Costa Rica, plonger avec les requins baleines en Australie; monter sur le dos d’un énorme éléphant au Népal, voir les orangs-outans impressionnants à Sumatra, voir une raie manta géante au Panama; des grizzli ours en Alaska … même si je dois admettre que j’ai parfois eu peur aussi, comme lorsque je campais dans le parc naturel de Yellowstone aux Etats-Unis, j’entendis un bruit à l’extérieur de la tente et je vis une grande tache brune:3 bisons immenses étaient devant ma porte! Ou quand, un matin, en Alaska, je me suis retrouvée en face d’un ours brun eet sans spray anti ours avec moi!
Tu as un blog où tu racontes toutes tes aventures, Gacela por el mundo. Peux-tu nous parler un peu de ce projet?
Au début, j’ai commencé à écrire le blog principalement pour ma famille et mes amis. Surtout pour éviter d’avoir à dépenser beaucoup de temps à écrire des emails similaires à tout le monde. Aujourd’hui, le blog continue d’avoir cette fonctionnalité, mais j’ai réalisé que pour moi, il est utile de tenir un journal numérique de mes voyages.
Recommanderais-tu cette expérience (voyage en solo au long cours) à d’autres personnes? Quels sont les conseils que tu pourrais donner à d’autres femmes qui souhaitent voyager seules?
Je crois que le voyage est toujours une expérience positive, mais le faire pendant une longue période et seule, est encore plus exaltant. D’une part, vous êtes plus ouvert à ce qui se passe autour de vous et vous n’avez pas besoin de vous précipiter pour tout visiter en 2 semaines ; vous pouvez vous arrêter, parler avec les gens du pays et approfondir l’organisation culturelle et sociétale du pays que vous visitez. D’autre part, les gens vous traitent différemment lorsque vous êtes seul. Je ne sais pas si c’est du au fait d’être une femme, mais j’ai toujours eu le sentiment que tout le monde a essayé de prendre soin de moi en quelque sorte, que ce soit pour aider à arrêter le bus ou pour m’indiquer les quartiers ou il ne faut pas se balader seule.
Le principal conseil que je donnerais aux femmes qui veulent voyager est de se lancer et de profiter de l’expérience. En général, le monde est plein de gens, de sorte que vous ne serez jamais seules, sauf si vous le choisissez. En tout cas, tout est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.
Quel est plus ou moins le budget à prévoir pour un tel voyage?
Il est difficile de définir un chiffre, parce que cela dépend beaucoup des pays que vous comptez visiter et du niveau de confort souhaité. Dans mon cas, j’ai essayé d’équilibrer entre les pays les moins cher et les plus chers. (j’ai passé près d’un an dans les pays développés) et au total, j’ai dépensé environ 30.000 €. Vous pouvez voyager avec moins ou beaucoup plus …
Organises-tu tes déplacements à l’avance ou bien au dernier moment?
Normalement, je ne décide pas à l’avance presque jamais, sauf quand je dois prendre un avion ou faire une demande de visa. Pour moi, la meilleure chose est de se laisser emporter par les événements, car il y a toujours des raisons de changer ses plans, un endroit qui vous surprend et où vous souhaitez rester plus longtemps, quelqu’un qui fait une recommandation, les pluies torrentielles qui vous obligent à échapper, un groupe que vous décidez de rejoindre …
Comment te déplaces-tu en voyage?
Si la destination est lointaine, j’achète un billet d’avion (environ entre un mois et 15 jours à l’avance me donne généralement assez de temps pour trouver de bons prix sans avoir à planifier trop), sinon utiliser tous les moyens de transport disponibles. Je crois que j’ai essayé presque tout: ânes, moto-taxi, autobus, rickshaws, camionnettes de toutes tailles et toutes couleurs, des petits et grands bateaux…
As-tu une astuce pour économiser de l’argent?
En général, plus vous voyagez lentement, plus c’est économique. Un peu car que vous allez dépenser moins sur les transports et vous pouvez obtenir les meilleurs prix de l’hébergement, mais également car vous avez le temps de vous renseigner sur les coûts locaux et de découvrir comment voir les sites par vos propres moyens. À propos de choses plus concrètes: limiter la consommation d’alcool (qui dans certains pays est assez chères), manger dans les marchés locaux et les kiosques de la rue, voyagez par la route et non par les airs et utiliser les transports publics.
Quels sont tes projets pour l’avenir?
Même si je ne sais pas si c’est une bonne ou mauvaise idée, je reviendrais en Espagne dans quelques mois et mon idée est de profiter de tout ce que j’ai appris au fil des années afin d’aider d’autres personnes à connaître le monde. Je voudrais créer une page web avec des informations utiles et pratiques pour voyager et, entre autres, offrir des services personnalisés pour ceux qui ont besoin d’aide supplémentaire pour planifier leur voyage.
Bonne chance!
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