Je vous présente aujourd’hui Lulu from Montmartre qui, comme son nom l’indique, habite la butte et « adore ça ! ». Comme les peintres place du Tertre, Lulu nous fera le portrait de son quartier, une initiation pleine d’humour et de fraîcheur au quartier le plus emblématique de Paris! Vous pouvez la trouver sur son blog www.lulufrommontmartre.com, sur Twitter ou Facebook. Et sans autre préambule, je vous laisse avec elle. Enjoy it !
Deux ou trois choses qu’il faut savoir sur Montmartre…
Quand on habite Montmartre, mieux vaut avoir de très bons pieds, ou en tout cas être toujours bien chaussé ! A cela deux raisons : d’une part, toutes les rues sont pavées, et d’autre part, Montmartre est une butte, et donc forcément ça monte… ou ça descend selon le sens qu’on prend ! Mais on finit toujours pas tomber sur des escaliers. Il y a donc de fortes chances pour que la jeune femme perchée sur des stilettos croisée Place du Tertre soit une touriste, tout comme ce couple essoufflé en haut d’un escalier. Car le montmartrois est forcément sportif ; c’est qu’il faut les grimper toutes ces marches au quotidien ! C’est pourquoi sur la Butte, vous ne trouverez pas de salle de sport : on n’en a pas besoin ! Et puis on est malins…
Savez-vous par exemple à quoi on reconnaît un touriste d’un montmartrois au métro Abbesses ? Le montmartrois attendra quoi qu’il arrive l’ascenseur pour remonter à la surface ! Et si les deux sont en panne (ce qui arrive parfois), il est même capable de descendre une station plus tôt pour éviter d’emprunter l’un des deux interminables escaliers en colimaçon (j’avoue, je l’ai fait !). Car la station Abbesses est l’une des plus profondes de Paris, il faut le savoir. Mais comme les fresques peintes sur les murs sont quand-même à voir, on peut toujours prendre les escaliers pour redescendre, quand on n’a pas peur d’avoir le tournis !
Quand on habite Montmartre, mieux vaut être polyglotte, car il ne se passe pas une seule journée sans qu’on nous demande « where is the Sacré Cœur ? », ce à quoi la plupart du temps on répond par « upstairs ! » (au grand désespoir du premier couple essoufflé), ou sinon le Moulin Rouge, la « piazza with les peintres », le cimetière ou Amélie Poulain (oui la brave Amélie est devenue un monument !) dans toutes les langues possibles, ou bien simplement en pointant du doigt le lieu sur un plan du quartier. Il peut arriver que le montmartrois soit un peu pressé, et qu’il n’ait pas toujours le temps de vous faire une visite guidée, mais la plupart du temps, c’est toujours avec plaisir qu’il répondra à vos questions. Et avec un peu de chance, il vous montrera des trésors insoupçonnés…
Car quand on habite Montmartre, les touristes on les aime, et il vaut mieux ; le Sacré-Cœur est quand-même le deuxième monument de France le plus visité après Notre Dame. Même la Tour Eiffel n’arrive qu’en neuvième position, qui l’eut cru ? Et pourquoi on les aime les touristes ? Parce que ce sont des rayons de soleil ! Dans les rues de notre quartier, on fait le tour du monde rien qu’en écoutant les gens parler, et surtout parce qu’ils ont l’air tellement heureux, le nez au vent (ou dans leurs guides…), souriant à chaque détour de rue lorsqu’ils découvrent les mille et une richesses qu’abrite notre Butte.
Non ce n’est pas une légende, Montmartre est un vrai village et il y fait bon vivre… Ici, vous ne trouverez pas de vrais supermarchés ; au mieux des supérettes, mais nous préférons de loin nos petits commerçants. Nous sommes par exemple très gâtés en matière de boulangerie ; rien qu’entre le Théâtre de l’Atelier et la rue Lepic, on en compte pas moins de cinq, dont une qui fournit pour l’année le Palais de l’Elysée, c’est vous dire ! A croire que le montmartrois, en plus d’être gourmand, est un vrai gastronome, car la Butte regorge de bonnes adresses en matière de restauration. Les fêtards ne sont bien sûr pas en reste, et les bars de la rue des Abbesses attirent les noctambules de tout poil.
Par ailleurs, ceux qui pensent qu’à Montmartre on ne trouve que des magasins de souvenirs se trompent lourdement. Et question shopping, croyez-moi, j’en connais un rayon ! De nombreux créateurs et autres lieux de perdition pour fashion addicts se sont installés rue La Vieuville, rue Durantin, rue Houdon, rue d’Orsel ou rue Véron. C’est aussi dans ces petites rues que vous trouverez des brocanteurs, des petits magasins de déco et des échoppes d’artisans…
On ne le dira jamais assez, il ne faut pas hésiter à se perdre dans les rues du quartier pour apprendre à connaître notre Butte. Et où que l’on se rende, il y a toujours plusieurs itinéraires possibles, les ruelles escarpées et les escaliers tissant une même toile autour du Sacré Cœur. Nos rues sont chargées d’histoire, et l’on y croise quotidiennement les fantômes de Van Gogh, Picasso ou Toulouse Lautrec, Eric Satie, Aristide Bruant ou Dalida, Marcel Aymé, Max Jacob ou Boris Vian. La vie artistique de Montmartre a toujours été particulièrement riche et animée, et encore aujourd’hui, les artistes sont nombreux à y vivre ou à y travailler, quand ils n’y sont pas carrément nés.
Montmartre est certes un quartier pittoresque, avec ses moulins (qui ne tournent malheureusement plus), ses vignes (qui elles produisent chaque année une honorable piquette), ses terrains de pétanque, ses maisons hors du commun, ses jardins dérobés, ses pentes abruptes sur lesquelles on skie parfois quand il neige (non je ne dis pas n’importe quoi !), ses chanteurs de rue, ses portraitistes et ses petits poulbots du XXIème siècle. Mais c’est surtout un quartier vivant, bien loin de l’image d’Epinal que certains voudraient lui prêter…
Alors c’est vrai, sans les touristes, Montmartre ne serait pas tout à fait Montmartre, mais sans Montmartre, Paris ne serait pas vraiment Paris !
© Lulu From Montmartre