J’ai le plaisir de vous présenter Christa, auteur du blog Carnet de Voyage Olfactif, qui a eu l’amabilité de nous accompagner une journée en Asie.
Christa est une voyageuse rare et précieuse, dans le sens où elle vit le voyage différemment : elle voyage toujours à la chasse des odeurs et des parfums des endroits qu’elle visite. «Le nez en éveil», elle sillonne l’Asie -de l’Inde à l’Indonésie, du Japon au Vietnam en passant par la Chine ou la Thaïlande- guidée par les périodes de floraison et de récolte, en quête de senteurs qu’elle fige dans ses articles. Les senteurs d’un marché, d’une plantation, d’une rue, d’un temple, d’un jardin… À vrai dire, je n’ai jamais lu un blog aussi magnifiquement aromatisé !
Préparez-vous à découvrir l’Asie comme vous ne l’avez jamais vu, ou plutôt senti : à travers ses odeurs et parfums. Vous pouvez la retrouver sur son blog Carnet de Voyage Olfactif ou sur sa page Facebook. Bonne dégustation!
Sur la route des parfums d’Asie
En arrivant en Asie, tout le monde s’accorde à dire qu’on est immédiatement frappé par une chaleur étouffante, humide et intense, mais aussi par une odeur saisissante et indéfinissable.
Cette odeur reflète le fervent mélange de nombreuses senteurs présentes sur le continent; car il y a bel et bien des parfums d’Asie que l’on décèle peu importe le pays où l’on se trouve par-delà les frontières. La langue et l’écriture y sont différentes, parfois même la religion et la couleur de peau mais certaines senteurs, elles, restent les mêmes.
Des parfums qui, lorsqu’on s’y intéresse, s’avèrent d’une diversité et d’une richesse inouïe. Des fleurs, des épices, des fruits, des plantes qui définissent des traditions, rythment des rituels, encensent des lieux de vie. Autant de mystères qui m’ont donné l’envie de partir en voyage à travers l’Asie à leur découverte pour mieux les comprendre et ainsi mieux les apprécier quotidiennement.
Je vous invite donc à voyager autrement, le nez en éveil, à la découverte de lieux chargés d’odeurs et apprécier ainsi un bref aperçu de ce que peut être l’Asie des Parfums, suivez-moi je vous emmène en balade.
Notre voyage parfumé commence à l’aube, au cœur des marchés. Que vous soyez en Indonésie perdus dans un labyrinthe de mille et une échoppes colorées, en Chine où l’on négocie au niveau du sol sur des bâches en plastique ou encore sur les petites barques des marchés flottants thaïlandais; les marchés d’Asie vous projetterons toujours dans une effervescence d’odeurs et d’interpellations à gogo. Dès les premiers rayons du soleil les petits étals se mettent peu à peu en place, les ruelles s’animent lentement et des odeurs champêtres de fruits et légumes viennent titiller les narines encore endormies. Posés à terre, sur les plateaux des tricycles ou des carrioles, et même dans les bennes des camions, des monticules alléchants de fruits s’élèvent aussi haut que possible : grenades, raisins, melons, pastèques, poires, pommes et fruits secs se mêlent au majestueux durian, ce fruit à l’odeur imposante et nauséabonde dont tous les asiatiques raffolent. Les maraichères vendent toutes sortes de légumes : carottes, piments, oignons, concombres, radis aux tailles sans pareilles… une riche abondance qui donne le vertige!
Quelques rues plus loin l’odeur se veut plus douce mais d’autant plus imposante, nous voilà folâtrant parmi les fleurs, humant jusqu’à satiété leurs mille parfums. Bourgeons de jasmin, ylang ylang, tubéreuses et bougainvilliers se mêlent aux montagnes d’orchidées, aux tours de frangipaniers et aux mêlées d’œillets d’Inde. Observez les mains des femmes s’agiter avec dextérité, préparant colliers de fleurs, paniers et autres offrandes en tout genre. Puis relevez la tête et prenez soudain conscience de l’atmosphère tumultueux qui règne autour de vous : piétons, vélos, tricycles, pousse-pousse, ânes, carrioles, taxis, 4×4, camions… tout se mêle allègrement et vous ne pouvez désormais qu’être rassasiés de bruit et de désordre, les regards novices s’émerveillent et l’odorat lui se veut comblé.
Prenez le temps d’observer cette fourmilière enivrante toujours plus séduisante aux plus belles heures du jour. Les marchés asiatiques ont cette saveur colorée et pimentée de nostalgie, une aquarelle intense et chaude que nous admirons longuement, les yeux écarquillés, les narines émoustillées.
Continuons notre chemin en direction des temples. Chaque ville, chaque province d’Asie recèlent un temple, rien qu’une évocation et je suis sûre que la bobine se met à défiler, on perçoit les bonzes en tenue safran, les temples majestueux du Royaume de Siam, le légendaire sourire des statues de bouddha… Mais les temples d’Asie c’est aussi l’encens, ce parfum mystique utilisé dans les rites religieux. Dès que vous approchez d’un temple, peu importe son obédience, une même odeur d’encens, chaude et réconfortante, éveillera vos sens.
Entrer dans un temple c’est pénétrer un univers chaleureux, où il est toujours émouvant d’observer les fidèles prier, quand seules la sagesse et la dévotion se lient sur les visages. Et puis laissez-vous submerger par l’encens, cette superbe senteur enivrante, une odeur qui produit un effet hypnotique avéré, permettant d’atteindre l’état idéal pour recevoir les messages d’autres cieux. La magie d’un arôme entêtant dont les nombreux bouquets d’encens exhument chaque jour joies et infortunes.
Apaisés par la sérénité des lieux, éblouis par l’or des statues vous apprécierez la diversité des tailles et des formes que revêt l’encens. Des supports qui varient considérablement depuis les énormes serpentins pesant jusqu’à près d’un quintal que l’on trouve généralement en Chine, en Inde et au Japon jusqu’aux bâtonnets qui varient de la taille imposante d’un tronc d’arbre jusqu’à la fragile baguette de quelques millimètres d’épaisseur plus communs en Asie du Sud-Est.
Alors que vos sens sont plus éveillés que jamais, le soleil fait enfin profil bas; et lorsque le jour tire sa révérence voilà que la faim fredonne soudain une mélodie de gargouillis. Il est temps alors d’aller dans les restaurants de rue, omniprésents en Asie, que l’on appelle plus communément les food court.
De jour ils ne ressemblent qu’à une enfilade d’allées, bordées de cambuses en béton, toutes identiques et fermées de volets roulants grisâtres. Mais dès les derniers rayons du soleil la vie s’active à l’extérieur.
Ces petits stands de rue ploient désormais sous le poids des jus de fruits et des gâteaux dont les effluves sucrés viennent se confondre avec les étals de poulets grillés, les gargotes de brochettes saté, ou les échoppes où l’on déguste hot-pots et soupe tom yam… Régal de saveurs, d’épices, de légumes, d’huile chaude, de vapeur de riz et d’odeurs émoustillantes qu’il est vain de résister.
Les gosiers noyés et repus, arpentez ces rues animées au cœur d’un trafic qui soule, d’odeurs qui affament et de cris qui s’emmêlent… on réalise finalement que la chaleur des petits grils de fortune s’est tout simplement mêlée à celle des hommes.
C’est alors que s’achève cette brève escale parfumée, mais il y a encore tant à découvrir en Asie. Je vous ai conté ici quelques zooms sur des odeurs caractéristiques, quelques clichés sur des traditions; mais je ne peux que vous encourager de parcourir l’Asie, véritable terre de parfums, à la découverte de ces lieux chargés d’odeurs et vecteurs d’émotions olfactives. Car l’odeur est là, à chaque carrefour, au hasard des courants d’air. Croyez-moi l’Asie sent bon !
merci pour ce récit qui m’a fait rêvé asie que j’adore
Merci pour ce commentaire! Je suis dans le même cas que vous! 🙂