Ceci est un article écrit par Henri Bonnichon, un voyageur qui a accompli un grand rêve. Accompagné de deux amis, il a parcouru un quart de la planète en train, à bord du transsibérien, à savoir 10.000 kilomètres d’aventure à travers la Russie, la Mongolie et la Chine ! Ce voyage ne s’est pas achevé à la gare de Beijing : il s’est prolongé dans le livre qu’Henri a écrit avec Thierry Mauget, intitulé Aventure transibérienne, de Saint Petersbourg à Pékin. Vous pouvez le trouver sur son blog, dédié à ce beau voyage.
“Cela faisait des années que je rêvais de prendre un jour le Transsibérien, ce train mythique qui traverse la Russie de Moscou à Pékin. Et un jour, n’y tenant plus, j’ai réalisé mon rêve avec deux amis Thierry et Roberto.
Nous sommes donc partis de Saint Petersbourg, pour aller à Moscou où nous avons pris le Transsibérien pour nous enfoncer dans la profonde Russie en traversant la taïga et les longues étendues steppiques de ce pays-continent jusqu’à Irkoutsk. En traversant le lac Baïkal nous nous sommes retrouvés en Bouriatie puis en Mongolie. De la Mongolie, nous avons tracé vers Pékin soit un voyage d’environ dix mille kilomètres.
Ce voyage nous a tous les trois profondément marqué. C’est pourquoi, il nous a semblé comme une évidence de nous lancer dans l’écriture d’un livre dans lequel nous relatons jour après jour nos aventures dont nous vous livrons ici quelques passages marquants.
7ème jour : dernier jour à Moscou et transes sibériennes.
Allez, c’est l’heure ! En voiture ! Nous avons la désagréable surprise de voir que notre compartiment est occupé par deux femmes qui visiblement se sont trompées de places et de jour. Encore les effets désastreux de la vodka ! Roberto leur explique la situation avec son tact habituel. Elles ne font pas d’histoire et sortent du train. Les compartiments sont confortables : quatre couchettes, une table avec mis à disposition des biscuits et de l’eau. Pour faire son café ou son thé, un samovar est installé en bout de couloir.
Vitaly, un Russe de 32 ans fait la route avec nous et accepte même de trinquer. Nous essayons de communiquer avec lui tant bien que mal. Nous prenons un verre, deux verres, trois, tant et si bien que nous finissons notre bouteille. Le russe nous offre une nouvelle vodka géorgienne un peu moins bonne que l’autre mais bien forte. Il ne faut jamais refuser ce genre d’invitation à boire. Ce serait déplacé ! En tous cas, c’est ma philosophie… de comptoir (je l’admets) (…)
19ème jour : De Bayangobi à Kharkorin
(…)Dans la yourte, nos hôtes nous offrent du lait caillé de jument (airag), breuvage un peu acide qui, malgré les quelques grimaces de Roberto, est tout de même très bon et un petit fromage dur dont le goût est disons “intéressant”. Ils nous confient que leurs conditions de vie sont dures, particulièrement les hivers généralement glacials et souhaiteraient que leur fille ne perpétue pas la tradition du nomadisme mais plutôt qu’elle puisse bénéficier d’une éducation en ville et trouver un travail. La ville, synonyme de sédentarisation, et ses corollaires : perte des traditions, chômage, détérioration de l’environnement, etc.) annoncent-ils à plus ou moins brève la disparition du mode de vie nomade ? (…)
20ème jour : De Kharkhorin à Bayantsogt
(…)A cheval dans la steppe, c’est finalement le meilleur moyen de découvrir la Mongolie, “la clef du royaume”, au rythme du trot, tout en regardant le sol, et l’immensité sphérique du ciel qui semble faire corps avec ces collines verdoyantes qui s’offrent à nos yeux. Les nuages ont disparu et le soleil maintenant se cache derrière les collines. La steppe prend des teintes rosées et l’air se rafraîchit. Trot magique. Intense parfum de liberté. On voudrait que ces moments durent une éternité(…)
24ème jour : Le désert de Gobi et l’ultime frontière
(….)Le train part avec une demi-heure de retard à 8 h 30, heure locale. Il traverse la banlieue d’Oulan Bator, et serpente à présent à travers les collines du massif Bogdkhan Uul. Les arbres disparaissent puis c’est la steppe. Quelques heures après, un crissement déchire le silence. Le train stoppe. Nous voilà déjà dans le petit village de Choir où se dresse une belle statue du premier cosmonaute mongol, Jugderdemidyin Gurragcha, véritable gloire locale. Vingt minutes d’arrêt puis le train repart. Toujours le même rythme envoûtant du train. J’ai envie de m’allonger, de me laisser bercer, ne plus penser, m’assoupir, dormir. Ne rien faire, rêver. Le temps n’existe plus. Les heures s’égrènent lentement. J’aperçois le désert de Gobi, cette immensité désertique, qui englobe tout de même un tiers de la surface de la Mongolie, un tiers ! Je suis dans cette étendue lunaire sur une autre planète. Suis-je réveillé ? Suis-je somnambule dans ce petit somme où je bulle et m’égare à force de voir toutes ces gares ? Dans ce désert, où seuls quelques poteaux télégraphiques, cernent les rails, cette ”nouvelle géométrie” de cet espace. Le train s’arrête à nouveau à Sainshand. Quinze petites minutes, puis nous repartons. Plus rien. Rien que l’horizon, et des nuages de poussières qui viennent se coller contre les vitres. Rien, toujours cette surface étonnamment plane et le ciel d’azur infini. Et ces heures qui passent, fuite du temps monotone, pendant que je me prélasse, las, fatigué, blême, perdu dans mes pensées, ensorcelé par le firmament et cet éternel Gobi (…).
25ème jour : Arrivée à Pékin.
(…)Le train passe devant des centrales nucléaires, des usines, des villages. Puis, c’est à nouveau les montagnes, le sifflement du train à chaque entrée et chaque sortie de tunnels, les paysages sublimes qui laissent entrevoir la beauté de ce gigantesque pays. On aperçoit un fleuve qui coule entre les montagnes et leur ombre démesurée, déchiquetée sur cette étendue plane et verte. Quelques petites maisons à flancs de collines perdues dans cette immensité sublime. Nous nous engouffrons dans des tunnels sans fin, puis nous ressortons et des montagnes magiques apparaissent. Pas de muraille par la vitre du train, rien que des villages, des routes qui serpentent et ce rythme lancinant des roues sur les rails d’acier, entêtant. (…)Nous préparons nos sacs, nous congratulant comme si nous allons poser nos pieds sur la lune. Encore, quelques secondes. Et le train entre en gare, ralentit et freine. Crissement habituel. Nous sommes arrivés. Instant d’émotion. Notre voyage en train s’achève. Je suis tellement heureux de toucher le sol chinois que j’en oublie même mon anorak (…)”
Si le transsibérien vous fascine, vous pouvez regarder la vidéo d’Henri sur les escapades gourmandes à Pekin ou lire notre post sur le Transsibérien au quotidien !
Une aventure envoûtante dépeinte avec brio par H. Bonnichon. De Moscou à Pékin, l’auteur nous transporte et nous berce au rythme de ses rencontres insolites. Vivement son prochain ouvrage.
EH de Tachkent.